🧶 La quête du chausson pour pied
Nu, je suis venu en ce monde, et nu dois-je le quitter.
☃️ J’ai froid aux pieds !
Constation du soir
Une constatation faite tous les hivers, et tous les jours de ces hivers, et ce, depuis… de nombreux hivers ! C’est idiot d’avoir froid aux pieds, non pas que je me plaigne d’avoir des pieds, mais dans le cas contraire, au moins, ils n’auraient plus froid. Ceci étant dit, mes pieds, j’y tiens. Ce ne sont pas les plus seyants et ils sont petits, mais extrêmement pratique. Je les utilise tous les jours et ne m’en séparerais pour rien au monde.
Ils n’y peuvent rien, ils ont froid !
Le problème est posé, exposé et compris. Du moins par moi qui suis le principal intéressé (enfin mes pieds).
- Mais alors que faire ? Mettre des chaussettes ?
- Mais malheureux, je porte déjà des chaussettes !
- Alors des chaussons peut-être ? Où sont mes chaussons ?
- Comment cela ? Je n’ai aucuns chaussons !
🦶 Va-nu-pieds ?
Depuis l’temps.
Quatre ans, cinq ans, probablement plus. Voici le temps depuis lequel, aucuns chaussons n’a daigné se montrer à mes pieds. Perpétuellement de mauvaise qualité, d’une durée de vie n’excédant pas deux hivers tout au plus, et d’un accompagnement des plus médiocres. Alors non, plus jamais, plus jamais aucuns chaussons de fabrication douteuse ne touchera mes orteils délicats.
Bien que tout espoir de chaleur pédestre me semblait vaine, le souvenir d’un passé ressurgit. Tel un écho… Des pieds, des pieds au chaud, de vieux pieds au chaud.
Mais alors que je me questionne sur un possible nouveau fétichisme de pieds en maison de retraite, la vision devient claire. Les sons me parviennent, limpides.
Adrien, rends les chaussons de pépé ! J’ai ses charentaises depuis 30 ans, ce n’est pas le moment de me les abimer en jouant avec.
– Feu mon pépé
Me connaissant, je dus obtempérer après une courte course grotesque (pardon pépé).
La solution couvrante.
🥳 Eurêka ! La voici LA solution, sous mes neurones, depuis tout ce temps et moi, pauvre idiot, ne voyant pas ce qui devait être fait. Mon salut, quel panard !
La charentaise sera donc l’objet de ma quête. Un fruit du XVIIᵉ siècle 1,2 , a l’intérieur laine, l’extérieur laine et semelle en feutre de… laine. En voilà un chausson qui semble prometteur, noble et d’exception. Le saint Graal du pantouflard, réparable et sans colle. La liberté du peton, promesse de son épanouissement dans des matériaux naturel, qui, par la force de l’évolution, vont garder la chaleur et humidité comme il faut !
Fini les emmerdes, fini le froid d’hivers, fini les pieds gelées et surtout adieu a toutes ces immondices synthétiques. Mon clavier, ma souris et ma CB en main, je pars confiant, empruntant la voie du moteur de recherche pour guider mes pas vers les fabricant charentais.
🧭 Une quête au poil … de pied.
Une erreur honnête.
La première chaussonerie venue, tout de bleu vêtue, me tendait son lien plein de promesses lavraiecharentaise.com . Ni une, ni deux, je clique ! Par tous les saints, protégez-moi, que diable ! Par quelle sorcellerie un point de vente peut ressembler à cette immondice. Horrifié, je tente temps bien que mal de vaincre ce relent de skyblog 3 me parcourant l’échine. Plissant les yeux et me faisant une raison, je fais défiler la page et tombe enfin sur l’objet convoité. Cette sensation de terrasser monstre pour arriver à son trésor renforce mon plaisir d’en sélectionner une paire.
De son intitulé, "semelle feutre avec protection crêpe – fourrée laine"
, je me délecte.
Bien, bien, voyons la composition. Attends il n’y a qu’une image, un titre et un bouton acheter ? Mais, où est la transparence ? La provenance des matériaux ? Leur composition ? Pas question de mélanger torchons et serviettes ! Oust le pseudo site !
En rage, je quitte cette erreur de parcours. Mais avant de poursuivre, je vois bien qu’il y a un problème. Aucunes attentes qualité ne furent définies de ma part. Il me faut y remédier.
Un but simple.
Je désire des charentaises, toutes simples, traditionnel. C’est-à-dire, fait avec la méthode du cousu-retourné, une semelle en feutre de laine tissée 3/5 chaînes, une doublure intérieur pur laine (comble du luxe du mérinos), et dons le dessus et la bordure peuvent être en laine, en coton, ou mieux en lin. À la limite un antidérapant en caoutchouc naturel. Mais il est hors de question de salir cette simplicité, d’entacher cette noblesse naturelle, par un quelconque dérivé pétrochimique ou autre synthétique et bien sûr, interdit au point de colle (ça suffit les conneries !).
Cela coûte probablement cher, mais même 80 euros sur 30 ans ne sont qu’une goutte d’eau.
Ce-ci exposé, il est temps de reprendre ma route.
Mes chers moulins à vent.
Prochaine arrêt
chaussemouton.fr
. L’interface est certifiée sans nausées, et le choix y est impressionnant, peut-être même trop. Je sélectionne un produit et … "Dessus : TEXTILE, Doublure : TEXTILE, Semelle extérieure : AUTRES MATERIAUX"
. Une description des plus précises. Encore un vendeur au sérieux douteux, ou sérieusement douteux, au choix. Pour moi le choix est fait. POUBELLE !
Une erreur de parcours passe, mais deux, JE trépasse ! Ferme les yeux Adrien, fais une pause, respire un coup.
La suite de cette aventure se fit par un rapide passage sur le territoire de
jeva.shop
, où leur tradition, depuis 1928, semble se composer de "laine majoritaire"
, comprenez "On y a mis du plastique en bonus"
. S’ensuivit un enchainement de boutiques aux bullshit écologique et bienveillant, aux story creuses et valeurs de caniveaux. Parmi ces contrées marécageuses, j’eus la chance de croiser
lapantoufleapepere.fr
avec sa magnifique "Composition écoresponsable: Laine 25% Polyester 25% Acrylique 45% AF 5%"
, soit 75% de pétrochimie (la blague).
rivalin.fr
depuis 1925, avec leur "Charentaises authentiques"
et leur "procédé de fabrication centenaire"
qu’ils entachent d’un beau "laine majoritaire"
et de diverses couvertures en polyester. Puis
rondinaud.shop
depuis 1907 dons, vous ne pourrez même pas connaitre la composition d’un produit.
Dernier soubresaut d’un corps déjà putréfié,
cousus.fr
propose entre autres, des charentaises en lin. Avec, pour 70 euros, "adjonction de PVC et Bordure 100% Acrylique"
. Le PVC aurait pus être avantageusement remplacé par un Caoutchouc naturel et la Bordure, probablement un simple galon, doit exister dans tous les tissus possibles, y compris le lin pour rester dans le thème.
Où y a d’la vie, y a d’l’espoir.
Anéanti et quasiment terrassé par cette dur bataille. Vous auriez pu lire la détresse au fond de mes yeux larmoyant, une profonde blessure, la douleur en repensant à toutes ces compétences artisanales et ces vies animal exploité. Tout cela entaché, gâché, par une communication hasardeuse, par des rebus de plastique, par du consumérisme de bas étages. Ces sacrifices sur l’autel de notre époque.
N’allez pas me dire que tout cela est normal, ce n’est qu’en 1938
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que la fibre plastique c’est fait une place au soleil, qu’elle pollua d’autant nos armoires que notre environnement. Quant à la colle à base de néoprène, elle ne fut utilisée dans l’assemblage de chaussures qu’à la toute fin du XXᵉ siècle
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. Alors non, leur usage n’est pas compatible avec des valeurs "traditionnel"
, des "procédés centenaires"
, et elle ne vaut aucun des sacrifices humain et animal.
À plus dans mes charentaises (Si j’en trouve)